dimanche 24 mars 2013

J'aime

... mon coiffeur homo.

Enfin, j'ai de très sérieuses raisons de croire qu'il est homo. Le fait qu'il est le parfait sosie (en brun) de William Carminolla, par exemple. Les cols en V plongeant. Son léger déhanché. Sa façon de tenir le ciseau le petit doigt en l'air. Sic.

Peut-être mon coiffeur est-il homo, mais peut-être pas. J'aime, moi, me persuader qu'il est homo ; je me fais l'effet d'être dans "Belle toute nue", choyée et chouchounée par un grand frère-copine qui ne veut que mon bonheur. En tout cas, de fait, vu comme il prend soin de moi, mon coiffeur (que j'espère homo) ne veut visiblement que mon bonheur, et le croire homo me rend frétillante comme une midinette devant un poster de Goldman dans les années 90 (Goldman me rendait frétillante, oui). J'ai eu un ami homo quand j'étais jeune étudiante, absolument adorable, totalement excentrique, complètement maniéré, à l'écoute du moindre de mes tracas, sensible à ma plus petite peine de coeur, avec lequel je parlais crèmes de jour, mecs mignons et, surtout, surtout, du beau brun ténébreux qui me faisait craquer à l'époque (et qui deviendra mon mari quatre ans plus tard).

(Mon petit ami du collège, grand fan d'Evita, a viré sa cutie il y a quelques années. Mon meilleur ami vénérait Whitney Houston. Il est devenu trans – véridique. Y a des goûts qui trompent pas.)

Mon coiffeur, comme mon flirt, comme mon meilleur ami, m'ont chouchoutée comme... comme... comme des homos, en fait. Pas comme des femmes, non. Paradoxalement, l'homo est la meilleure amie de la femme. La femme, elle, est un loup pour la femme. On peut être très gentilles entre nous, solidaires, proches, compatissantes, aimantes. Et aussi hautaines, méprisantes, hypocrites, de vraies peaux de vaches. La femme peut être la pire ennemie de la femme, peut-être parce qu'elle sait précisément où appuyer pour faire bien mal.

(On m'a d'ailleurs toujours conseillé de prendre un gynéco homme ; les gynécos femmes, paraît-il, parce qu'elles SAVENT, elles, ne sont pas spécialement tendres. La mienne n'est pas l'exception et elle confirme la règle. Faudrait que je songe à changer.)

La femme connaît les ravages de la jalousie, de la compétition, de l'émotivité sur la femme d'en face. L'homme, l'hétéro, lui, essaie de nous connaître, de nous comprendre, mais il galère à peu près autant que nous galérons nous-mêmes à le comprendre. Ça rend la vie trépidante, dit-on.

L'homo, quant à lui... en fait, je sais pas comment il fait. Comment il sait nous comprendre, nous cerner avec autant de facilité. Comment il touche notre sensibilité au point précis où celle-ci demande à être touchée. Est-ce parce qu'il reconnaît en nous une part de ce qui le constitue, une part de féminin ? Ou bien est-ce simplement parce qu'il n'y a aucun, strictement aucun enjeu entre nous d'aucune sorte, ni ce jeu de séduction propre aux relations hommes-femmes, ni cette compétition perpétuelle des relations entre femmes ? Rien à perdre, rien à gagner ; rien à conquérir, rien à céder ; pas d'opposé strict ni aucune ressemblance trop prononcée.

Strictement aucune idée. Quoi qu'il en soit, je ressens, moi, les choses ainsi ; j'aime les homos ; j'ai aimé la présence de ceux que j'ai côtoyés ; et j'aime, donc, mon coiffeur homo.

Pardon, mais les coiffeuses, bon, déjà, elles ont souvent des ongles, quoi. Mon cuir chevelu, sensible, apprécie toujours fort moyennement. Puis les coiffeuses sont plus vives. Plus expéditives. Un peu plus rudes, un peu plus brutes.

Mon coiffeur homo (j'espère qu'il l'est), il est doux, il est tendre comme un lait au miel. Il a des mains... pffff, je peux pas décrire. Orgasmique, le soin capillaire (en toute bienséance, of course). Se faire choyer par des mains d'homme avec autant de délicatesse sans aucune arrière-pensée, sans aucun jeu de séduction, sans aucune issue à désirer ou redouter ; je crois que c'est chaque fois ce qui me transporte le plus.

(J'ai bien conscience de passer pour une monomaniaque des homosexuels, un brin pathologique, mais passons.)

(Peut-être aussi que je l'aime, mon coiffeur homo, parce que je peux fantasmer tout à loisir sur la douceur de ses mains sans avoir l'impression de fausser compagnie à mon hétéro à moi.)

Et laisser ensuite mes cheveux à la compétences de ses doigts experts, en sachant que je vais sortir de là belle, beeeelle, beeeeeeeeeeelle, n'en jetez pas plus pour combler mes désirs de femme, enceinte jusqu'aux yeux qui plus est – macarena des hormones, need of chouchoutage accru pré-partum puissance 25, besoin d'être choyée avant de choyer à mon tour, toussa toussa fait que, donc, j'aime profondément mon coiffeur homo.

Partant de là, inutile de vous dire (mais je vais quand même vous le dire) le choc que ça m'a fait quand il m'a confié, au beau milieu d'une conversation toute capillaire sur la couleur des cheveux des enfants, que sa grande, elle, était aussi blonde que moi. Mais que sa cadette, de son côté, dérivait lentement vers le châtain foncé.

(Mais bon, je me dis qu'il a sûrement eu deux filles merveilleuses, avant de découvrir sa VRAIE nature et de changer de bord ; ça arrive tous les jours, n'est-ce pas, hein, oui, hein ?... Il doit filer le parfait amour avec SON compagnon, à l'heure qu'il est, pour sûr.)

(Je ne vois pas d'autre explication.)

(On se console comme on peut.)

(N'empêche, homo ou hétéro, il a quand même des mains orgasmiques, sur un plan purement capillaire, s'entend.)

(Mais j'aimerais bien qu'il soit homo, quand même.)
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2 commentaires:

  1. C'est marrant, à Paris mon coiffeur était un copain, et il avait tout d'un homo, il était très maniéré, limite la folle de Chaillot, mais marié et deux enfants!

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    1. Comme quoi, les préjugés ont la vie dure... et pourtant pardon, mais bon nombre d'homos ont quand même vachement de dénominateurs communs (et on est des habitués dans la famille, un cousin notamment, lui très maniéré, et son copain au contraire très posé, calme, introverti, et avec des enfants d'un premier mariage en plus !). En tout cas, ceux que j'ai connus et qui sont effectivement homos sont maniérés, extravertis, un peu extravagants même, avec la voix qui part vite dans les aigus :)

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