dimanche 7 avril 2013

Être mère...

... c'est passer environ quatre mois à réfléchir à la meilleure façon de préparer sa grande de pas 2 ans à l'arrivée de sa petite soeur. C'est se torturer les méninges, discuter avec les potines multipares, polémiquer avec l'homme, y passer ses insomnies de grossesse et y repenser tous les matins sous la douche.

C'est finir, au bout de longues semaines de thèse-antithèse-synthèse, par mettre au point un discours ultra-chiadé, à la convergence de tous les bons conseils qu'on a pu te donner ces derniers mois, le genre de discours à la fois simple et clair pour que ta gamine comprenne ; pour qu'en même temps tu lui colles pas des angoisses inutiles qu'elle avait pas à la base ; pour qu'en même temps elle soit préparée ; tout en prévoyant de pas trop la saouler avec sinon la p'tite soeur, elle lui fera vite avaler sa tétine (pas encore là et déjà bien relou) ; puis surtout pas en parler trop, parce qu'à son âge, on voit pas beaucoup plus loin que le dodo du soir même, etc., etc., etc. Au final, t'as mis au point un plan de guedin, millimétré au cheveu près, modulable selon le jour, l'heure, la seconde où tu vas perdre les eaux (mais oui je vais perdre les eaux), en fonction de si ta grande : fait sa sieste/fait sa nuit/est chez sa nounou ; puis en gros, l'idée, c'est que si ta grande est chez sa nounou, t'as décidé de pas la passer la voir pour lui dire que c'est le grand départ ; tu veux pas la déboussoler (encore moins la réveiller exprès si c'est en pleine nuit ; bonjour la crise de larmes, infarctus émotionnel garanti), tu veux pas la laisser démunie derrière toi ; alors tu prévois que ce soit super nounou (ou super copine si c'est la nuit) qui la garde et lui annonce que ses grands-parents vont venir la chercher parce que Papa et Maman ont filé accueillir petite soeur ; et tout ça, donc, tu vas le lui expliquer, un peu, en douceur, bien avant, pour pas avoir à la déboussoler le jour J ; mais tu prévois un Mickey en peluche qui sent toi et ton homme, que tu t'es fait braire à porter nuit et jour sous ta liquette pour qu'elle sache que Maman et Papa pensent fort à elle pendant que tu seras en train de sortir un bébé, le deuxième, folle que tu es, par tes voies intimes ; et puis le Mickey, c'est super nounou (ou copine) qui sera chargée de le lui donner de ta part – elle en aura si ça se trouve carrément rien à carrer, mais passons –, puis super grands-parents accoureront ventre à terre la chercher pour la ramener dans leur giron rassurant ; puis dès la petite soeur pondue, c'est Papa qui foncera récupérer la nouvelle grande soeur, histoire qu'elle se sente pas exclue trop longtemps de tout le schmilblick, puis... etc., etc., etc. Ultra chiadé, je te dis. Hyper simple, pour sûr. D'une limpidité de malade.

Être mère, c'est aussi, à dix jours du terme, se poser un peu des questions quand ta grande devient archi-demandeuse, archi-glu, archi en manque d'affection ; que t'as ton p'tit coeur qui s'arrête net de battre devant son besoin de toi, et qu'en l'espace de trois jours, tu revois instantanément toute ta superbe stratégie de préparation pré-partum (c'est ballot, après tout ce taf...). Tu n'imagines même plus une seule seconde décoller de chez toi sans la prévenir et lui faire un gros câlin, sinon tu meurs d'amour sur-le-champ. Alors ton plan ultra-chiadé, en fait, tu l'oublies en moins de douze (oui, ça fait mal). Finalement, ta grande, t'iras la voir, ou tu la réveilleras, tant pis, pour lui dire que tu pars, que ce sera pas long, que tu l'aimes un truc de fou, que tu reviens vite. Ça la déstabilisera, pour sûr, mais tu peux pas te résoudre à lui mentir quand, le matin, tu dis : "Bonne journée ma puce, on se retrouve ce soir !!" ; tu peux pas te résoudre à pas aller la serrer fort dans tes bras avant de décoller. Tu l'aimes trop pour ça, alors tu te dis : finalement, c'est ÇA, la meilleure solution, je le sens, je le SAIS dans ma caboche de mère. Ton homme, il valide à moitié ; en fait, il voit surtout le principal : t'es enceinte jusqu'aux ongles des doigts de pieds, t'as les hormones qui dansent la macarena, tu vas sortir un bébé de toi = faut pas te contrarier, non. Et puis le Mickey, c'est toi qui le lui donnera, à ta grande, pour la rassurer encore et encore (et encore) ; mais oui, c'est vraiment la top solution, ouf, t'es supposée accoucher dans six jours, t'as rechiadé toute ton organisation, t'es prête, tout va bien. C'est mieux. Clairement.

Être mère, c'est aussi, finalement, à J-5, se dire : "Mouais... en fait on aurait aussi bien pu présenter ça depuis le début comme un bête week-end chez les grands-parents"... le genre méga enjoué : "Hey, qui c'est qui va chez Papet et Mamie dans je sais pas combien de jours ?? c'est toiiiiii !!"... bon, en lui expliquant un peu pourquoi, quand même, lui mentir, bon, non, en mère parfaite que tu es, tu peux pas, tu la respectes, toussa, toussa ; mais bon, c'était p'têt pas la peine de l'alarmer puissance mille vingt ans avant – 'fin bon maintenant c'est fait... puis c'était ton coeur de mère qui parlait, n'oublie pas, c'est sacré. OK, on simplifie un chouille, donc. Pas mal, pas mal.

Puis en fait, être mère, c'est se dire, trois jours avant d'accoucher, qu'en fait, on va carrément la coller direct chez les grands-parents demain soir, histoire, d'une, de pas lui prendre la tronche avec un départ speedé (surtout en plein milieu de la nuit), de deux, de rester peinards à la maison et zen quand il faudra partir à la mater. Puis comme ça, on aura peut-être bien une soirée en amoureux avant de devenir famille nombreuse, c'est cool ! On se commandera des pizzas ? puis on se fera un p'tit déclenchement à l'italienne, hein ?...

En fait, être mère, c'est un peu, genre, être une bipôlaire en puissance, la reine de l'ambivalence, la championne du paradoxe ultime, la miss galaxie de la contradiction. Tout ça pour un p'tit bout de machin qui va te pomper jusqu'à la fin de ta vie – ton énergie, ta patience, ta bouffe, ta jeunesse, tes grasses mat', tes week-ends, ton confort, tes Saint-Valentin, ta sexualité, parfois ton lit, donc. Puis ton amour, surtout, envers et contre tout.

Sales bestioles <3
 
(sur une idée de Babidji :))
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2 commentaires:

  1. Je te suis à 100 % !!! J'espère aussi que tout se fera sans trop perturber le "grand"... En attendant aujourd'hui c'est ménage à fond !!
    Bonne dernière ligne droite !

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    1. Moi je démarre le ménage à fond dès mercredi matin ; je rêve d'accoucher mercredi ou jeudi dans la journée (conditions idéales) ;)

      Allez on y est presque là !!

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