mercredi 24 avril 2013

I've got the (baby) blues


Titre ultra über original, je vous le concède – jeu de mots, quand tu nous tiens.

Non mais, j'ai pas vraiment le baby blues en fait... ai-je même le droit de parler de baby blues, tellement c'est un petit, mini, rikiki blues de pas grand-chose... un baby blues presque mignon, presque sympathique tellement qu'il est petit petit...

Non, ça va, je dirais même : ça va assez bien vu les circonstances. Rien de terrible, les circonstances : on vient seulement de devenir parents pour la seconde fois. Des tas de gens fort civilisés vivent la même chose et on leur décerne pas une médaille pour si peu.
Mais on devrait, des fois, je me dis.

Non mais parce que quand même, deux gamins, c'est chaud. Et encore, je dis ça, j'en ai une grande plutôt vachement cool dans le genre pas trop pénible (mais elle a pas encore 2 ans, faut dire), et une petite plutôt light dans le genre nourrisson pas trop galère. La grande n'est pas jalouse, elle s'enquiert souvent de la santé de sa soeur, va lui chercher sa tétine, veut la savonner dans le bain. Elle fait des nuits tellement bonnes qu'on en oublie son existence, grasse-matine jusqu'à 9 heures le matin. Elle mange toute seule. (Sauf que son nouveau truc, c'est de s'étouffer avec certains morceaux. Super drôle.) Elle a refusé le pot après la naissance de sa soeur pendant... approximativement quatre jours. Maintenant elle y retourne volontiers – voilà, c'est passé. La petite, elle, ne pleure globalement que pour changer la couche/manger/dormir/râler un peu parce que faut bien qu'elle nous pourrisse un chouille la vie, quand même, sinon à quoi elle servirait ? Elle peut pioncer jusqu'à 5 heures d'affilée la nuit. Elle réussit parfois à s'endormir seule. Elle fait dodo dans sa chambre. Elle ne régurgite pas, ne vomit pas, ne pourrit pas ses fringues. Elle ne nous accapare pas au point d'en oublier notre aînée, en somme.

Alors, et avant que les autres couples multipares me balancent des caillasses dans la tronche, de quoi me plains-je, me demanderez-vous ?

Juste d'en avoir deux. Non mais, bon, je m'en plains pas hein ! juste, je le dis : c'est un sacré putain de taf (pardon, j'ai juré). Parce que si ça roule relativement bien avec la grande, je dirais que c'est peut-être bien parce qu'on passe un temps de malade avec elle, l'un comme l'autre, l'un après l'autre, ou les deux ensemble, elle et son père, elle et moi, elle et moi et son père et sa soeur, elle et nous deux. On passait déjà tout notre temps libre avec elle avant, bien sûr ; mais là, on fait strictement pareil, alors que techniquement on a deux fois moins de temps. Avant, on se reposait pendant sa sieste, et puis dès qu'elle était couchée, le soir, à 20 h 30. Maintenant... ben on fait tout, sauf se reposer : s'occuper de la petite, déjà ; puis la maison, la vaisselle, la lessive, la paperasse. Maintenant, on se repose, allez, une petite demi-heure l'aprèm', et éventuellement une heure ou deux le soir, si la petite daigne s'endormir en début de soirée.

(Oui non mais parce que je fais la belle, mais faut pas croire, mon nourrisson est plus ou moins comme n'importe quel nourrisson, rassurez-vous : oui, elle met parfois un temps de dingue avant de s'endormir bien qu'elle ait les yeux décalqués parce qu'on n'arrive PAS à trouver la putain de raison – pardon, j'ai re-juré – qui explique que bordel de nom de Dieu – ter –, pourquoi elle dort pas POURQUOI ELLE DORT PAS ?? Et oui, elle a la digestion difficile parfois, et oui, on galère par moments à lui trouver une position qui lui convienne, et oui aussi, on perd notre latin devant certains de ses pleurs : elle a faim ou bien elle a faim ou alors elle a mal au bide ou alors BORDEL ELLE A FAIM OU PAS ??)

(Genre on lui fait confiance, elle se régule hein, si elle réclame, c'est qu'elle a forcément vraiment faim pour de vrai, non ? ayons la foi en nos enfants, alléluia, alors on lui donne son bib, jusqu'à ce qu'elle gerbe tout dans les cinq minutes. Quel est le sombre crétin qui a dit de donner ces fucking biberons à la demande parce que ton bébé, il sait ce qui est bon pour lui ? ah ah.)

Bref, rien de nouveau sous le soleil : on a deux enfants, bienvenue dans le monde merveilleux de la famille. Et oui, pour rien au monde je ne reviendrai en arrière. Je suis encore un chouille trop fatiguée pour mesurer mon bonheur, mais j'en ai conscience, quelque part entre ma chute hormonale et mon total épuisement. Je savourerai tout ça un peu plus quand je n'aurai plus à me lever une fois par nuit avec une tronche de zombie (oui, une fois par nuit seulement, allez-y tapez-moi très fort parce que je suis une sale veinarde).

C'est juste une grosse, grosse fatigue bien légitime. Puis l'appréhension, toute légitime aussi, de tout parent avec son/ses enfants, quel que soit son/leur âge : est-ce que je fais bien ? est-ce que je ne me trompe pas ? est-ce que je dois faire comme ci, comme ça ? et comment je ferai quand... ? et s'il lui arrivait ça ? ou encore ça ? ou ça aussi ? et si je faisais mal ? et si je ne faisais pas assez bien ?

Comme tout le monde, on fait au mieux, au feeling, à l'instinct, sur le moment, avec nos moyens, avec ce qu'on veut, ce qu'on peut. Mais multiplié par deux, hop, comme ça, c'est du sport. J'admire tous les parents. J'admire toutes les familles. J'admire des tas de gens, là, tout de suite, maintenant.

Parfois, je me demande si on aura encore un peu de temps rien que pour nous deux, pour ne s'occuper que de nous, rien que de nous – mais puis-je me plaindre ? depuis la naissance de la grande, chaque mois nous avons eu un, des week-ends rien qu'à nous.

Nous avons franchi une nouvelle étape : nous sommes quatre, comme je le disais ; nous sommes une famille. Tout ce que nous leur donnons aujourd'hui, en énergie, en implication, en sécurité, en amour, en tendresse, en joie, c'est un travail de dingue, c'est épuisant ; mais c'est autant que nous leur offrons pour demain. Et que nous nous offrons à nous-mêmes lorsque, bien plus tard, je l'espère, nous les verrons grandir épanouies, confiantes, sereines, entières.

J'aime profondément mes deux petites filles, mais soyons honnêtes pour l'heure : quelle fatigue, mes aïeux !

(Tout ceci méritait bien que je reprenne un p'tit RDV avec ma psy.)

P.S. : Je lis vos blogs, je vous suis toujours, toutes, tous, hein, mais Dieu m'en est témoin, j'ai plus une nanoseconde de libre pour venir commenter. Mais j'y songe, déjà, c'est bien !! et promis, je fais le tour dès que je peux (quand mes gamines auront 18 ans, en somme).
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11 commentaires:

  1. Je retiendrais un mot dans tout cas : Legitime!
    :D

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    1. Ah, les mots qui font du bien, merci ! ; heureusement que les copines sont là pour nous aider à rester lucides ! ;)

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  2. Oh la la la la........ je vis exactement la même chose... avec des cernes... et tout juste le temps de revenir sur la blogosphère...
    courage... leurs 18 ans ne sont pas si loin que ça ... si ?!!??

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    1. Je préfère même pas penser à dans 18 ans, sinon je me petit-suisside..........
      ... on se fait un petit-suisside communautaire, dites, les copines ??

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  3. Oh oui bien légitime ! Pareil ici ;)
    Même si bon, moi non plus j'ai pas à me plaindre, elle fait maintenant des nuits de 11/12h... (à presque 3 mois, ça va...^^)

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    1. Aaaaah, chanceuse va ! Je croise les doigts pour que la mienne fasse pareil ; la grande a fait ses nuits à ses 1 mois... on prie le Ciel bien fort pour que la deuze suive l'exemple de son aînée !

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  4. Tout passe ... pas d'inquiétude, la vie "normale" reviendra ...
    Mon deuxième va avoir 3 ans, je me lève encore de temps en temps la nuit.
    Moi aussi j'avais envie d'accélérer un peu le temps pour me "retrouver" ....
    Ca viendra, courage !

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    1. Ouch, je compatis pour les levers la nuit ! Pour l'instant ma grande dort comme un loir, j'espère que ça va durer et que la petite va suivre son aînée !

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  5. Tiens, c'est comme si j'avais la même famille que toi! Filles calmes, filles qui font leur nuit (ou presque pour la plus petite, un réveil, comme toi), pas de jalousie, pas de coliques,... et je me dit une chance parce que je suis crevée rien qu'a en gérer deux! C'est pas évident au début :)

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    1. La vache, je viens de découvrir ton blog... les ressemblances entre nous deux sont assez frappantes, concernant notre famille, la manière dont on a vécu notre accouchement (faut vraiment que je raconte le mien ici, je voulais justement écrire le même genre de billet que toi, à rallonge !), les difficultés auxquelles on fait face, etc.
      Je reviendrai te lire régulièrement avec plaisir !

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    2. (Et nous aussi, on se pose un peu la question du "tome 3", bien qu'il nous semble totalement impossible de gérer trois enfants aujourd'hui – déjà que deux, c'est chaud... – mais on garde tout de même l'idée dans un coin de notre tête... je sais que personnellement j'ai du mal à me dire que ce fut ma dernière grossesse...)

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