lundi 3 juin 2013

Journal d'une hyperphage #3

Bon. Faut bien le dire : j'ai pas assuré un cachou. Autrement dit : j'ai bouffé comme trente-six. Complètement lâchée, la nana. Vraiment, je n'y arrive pas. Enfin plutôt : ou je fais à fond, ou je fais pas. Avec moi, c'est ou tout blanc, ou tout noir ; l'entre-deux, en matière d'alimentation, je ne sais pas (encore) faire. Note que je vais pas me lancer dans un régime draconien type salade verte et yaourt nature à tous les repas. Je vais tenter l'équilibré, mais l'équilibré light tout de même. Parce que déjà que faire attention relève pour moi de la torture, mais si en plus il n'y a pas ou peu de résultats... Moi, j'ai besoin que ma balance me fasse plaisir, à défaut que ce soit le Nutella qui me chouchoute.

Je n'y arrive pas, donc ; mais je souffre, de plus en plus, de la situation, de mon poids, de ne même plus pouvoir me regarder dans la glace tant je me déteste. (Je cherche pas à te tirer les larmes, hein ! j'ai – globalement – le moral ; juste, je constate.)

Alors demain je retente encore (oui, demain, comme ça ce soir, je m'éclate la panse histoire de bien profiter jusqu'au bout – sauf que je fais ça tous les deux jours et que, tu admettras, c'est plus tellement efficace, du coup). Et je me suis dit, tiens, pour me motiver, je vais faire la liste de tout ce qui est trop dur, trop pénible, trop lourdingue (c'est le cas de le dire) dans mes fucking overkilos. Alors, alors, pourquoi donc perdre du poids, selon toi ?

#1 Parce que je ne veux plus être "celle qui est grosse" dans les groupes. Au milieu de mes copains. Aux réunions de famille. Dans ma propre petite famille, face à mon mari et mes filles.

#2 En parlant de mes filles. De ma fille. Parce que je ne veux plus être envieuse, presque jalouse, devant son petit corps d'elfe gracile et élancé.

#3 En parlant de mes filles, bis. Parce que je ne veux plus, quand on me complimente sur leur beauté, me dire avec amertume qu'on se demande bien comment j'ai pu pondre de telles merveilles.

#4 Parce que je ne veux plus me demander, où que j'aille, si je pourrai m'asseoir. Eh oui. Quand t'es grosse, sache-le, tu rentres pas partout. Tu débordes. Voire tu passes carrément pas. Au resto. Dans les bars. Dans l'avion. Les manèges de la foire. La ceinture de la vieille voiture de machin. (Une fois, une seule, j'ai dû demander une chaise sans accoudoirs au restaurant. Ça marque, pour sûr.)

#5 Parce que je ne veux plus avoir un choc à chaque fois que je me vois en photo. Parce que chaque fois je ne m'imaginais pas AUSSI grosse que ça. Et que chaque fois c'est une (amère) (re)découverte.

#6 Parce que je ne veux plus m'imaginer que les gens que je ne vois qu'une fois dans l'année m'attendent au tournant. Genre : "Ah ben, depuis l'hiver dernier, elle est toujours aussi grosse... Qu'est-ce qu'elle doit bouffer, celle-là... Aucune volonté." (Comme si je ne me résumais qu'à mon poids – jugement stupide, je te l'accorde. N'empêche, j'y pense.)

#7 Parce que, justement, je veux surprendre tout le monde, pour une fois (même si tout le monde s'en tamponne le cigare, en fait.) Je veux entendre ces mots si galvanisants, si flatteurs : "Oh mais attends... t'as vachement perdu toi, non ??" (aaaaaah, petit lait, slurp, slurp)

#8 Parce que je ne veux plus rentrer dans la cabine d'essayage avec vingt tailles 48, toutes assumées... et ressortir sans acheter aucune des vingt tailles 48, parce qu'en fait, à chaque fois, j'oublie que je fais du 50. Voire 52.

#9 Parce que je veux me sentir désirable, et que pour ça, faut déjà que je me désire moi-même, ce qui n'est pas franchement gagné, crois-moi.

#10 Parce que je veux être fière de moi. Ce serait dur, mais si j'y arrive, je serais fière, enfin, pour de bon. Bonheur bien plus concret et bien plus réel que l'illusoire plaisir que me procure une madeleine au chocolat, faut reconnaître.

Enfin, et surtout : je veux me libérer de ce joug.

Je t'écris tout ça fastoche ce soir, avec ma bouffe qui attend sagement devant moi sur la table basse. Dans cinq minutes, je serai en train de boulotter. Satisfaite de mes bonnes résolutions, et satisfaite de mon estomac qui se remplit. Le plus dur sera demain. Et après-demain. Et après-après-demain. Je suis incapable de te dire si j'y arriverais ou non.

Mais tu sais, avant, je fumais comme un pompier. J'ai arrêté dix fois, vingt fois, trente fois, toujours en vain.
Et puis j'ai essayé une trente et unième fois. Et je n'ai plus touché une clope depuis huit ans.

L'espoir fait vivre !
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10 commentaires:

  1. C'est terrible de savoir que tu es si mal, je voudrais bien t'aider...le pire c'est que c'est toi qui te résumes à tes kilos, je te garantis que ce n’est pas ce qui me vient à l'esprit quand je pense à toi! Et la beauté n'a rien à voir avec le poids, combien de filles minces sont laides, alors que tu es si jolie avec tes petits kilos, et tant d'autres aussi!

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    1. Ah ben, c'est pas pour rien que je paie un psy !
      C'est très gentil ce que tu m'écris ; mais comme tu le dis, c'est moi qui me résumes à ça, donc c'est à moi de me convaincre que non, je ne suis pas moche ;) Ça fait dix ans que G. m'assure que je suis jolie, et ça fait dix ans que je ne le crois pas ;)

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  2. Je me reconnais dans toute ta liste, mais ce qui me tient le plus à coeur c'est ton numéro 9.
    a priori, c'est à ça qu'on se résume...la séduction... comme si, depuis toute petite, on nous avait appris que pour être importante, il fallait être belle et surtout mince.
    J'essaie de dire à ma fille de 5 ans et demi, que le plus important c'est qu'elle soit maline, débrouillarde, avec du libre arbitre et tout et tout, mais en même temps, on s'émerveille devant tous les contes de princesse, et ça n'aide pas franchement...

    POur avoir fait du yoyo une grande partie de ma vie, et avoir perdu beaucoup de poids avant ma grossesse actuelle, je me dis malgre tout, que certes, j'aimerai être mince (voire maigre car je ne sais pas du tout m'arrêter), mais surtout surtout surtout, j'aimerai que la nourriture ne soit plus à ce point une préoccupation et une source de stress permanent.

    J'avais entamé un parcours sur linecoatching, je trouvais l'approche interessante mais un peu compliquee quand même, malgre tout, je suis sure que l'approche zermati est celle qui pourrait m'aider, mais cela à condition d'accepter de vivre avec des kilos en plus, dans un premier temps.

    Ce que je regrette presque c'est d'avoir perdu autant de poids avant ma grossesse actuelle car du coup, la différence est flagrante, et je sais que le monde se moque de moi dans tous les couloirs...c'est très douloureux.

    pffff, c'est si compliqué....

    Est ce que tu te sentirais prete pour une approche type weight watcher?
    même si cela ne résout aucun problème d'hyperphagie, c'est quand même une méthode qui permet de perdre du poids en gardant une vie sociale, et une alimentation équilibrée?

    je n'ai aucune action chez weight watcher ni chez linecoatching hein...j'essaie juste de limiter les dégats à défaut de réussir à m'en sortir

    Perrine, qui hier, pour la première fois de sa 3ème grossesse est tombée très bas, puisque je me suis fait vomir...snif...( il y avait longtemps)

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    1. Est-ce que tu es suivie par quelqu'un ? Psychonutritionniste par exemple, ou alors psy tout court ? Hyperphagie, anorexie, boulimie : même galère, il faut se faire aider, c'est pas juste une question de poids ou de kilos, c'est plus profond, plus existentiel que ça. Hier, j'ai fait ma première séance avec mon psy rigolo, sur le divan, et j'étais en plein dans l'analyse, j'ai vidé mon sac, c'est difficile mais ça fait du bien et c'est nécessaire.

      Non, je ne suis aucun programme, j'ai essayé WW une époque, mais je n'aime pas ; le programme est très bien, très sain, mais trop contraignant à suivre en termes de choses à faire (calculer ses points, remplir son journal, etc.), avec mes deux filles je n'ai plus le temps. Le faire seule me convient très bien, faut juste que j'arrive à commencer, ce qui est loin d'être le plus facile.

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  3. Coucou ma belle, c'est Steph!
    Je te lis de temps en temps... :)

    C'est curieux effectivement comme on voit que c'est en fait ton propre regard sur toi-meme qui te fait du mal. Comme si à travers les autres tu voyais finalement ce que toi tu penses sur toi-meme et sur ton poids.
    Car en effet, mis à part les cons qui font des commentaires sur le poids des gens (et pourquoi ils s'occupent pas de leurs fesses d'abord ?! Moi j'ai souvent droit à "mais tu manges ? tu es pas anorexique? Tu as encore tes règles? c'est tout aussi débile !), les gens s'en fichent de ton poids comme du mien : ceux qui t'aiment ne font vraiment pas le lien "toi -> personne grosse", comme dit PetitDiable c'est absolument pas ce qui nous vient à l'esprit en pensant à toi ; et les gens qui sont indifférents, sont juste indifférents... C'est tordu, quand meme, que tu penses que les gens se disent "comment elle a pu mettre au monde ces merveilles si sveltes?" !
    Bon j'espère que ton nouveau psy t'aide en tout cas. Pas facile de se débarrasser des réflexes mentaux qu'on a au plus profond de soi. Mais tu es sur le chemin...
    Et ton expérience pour arreter de fumer est admirable, c'est incroyable d'avoir fumé des dizaines de clopes par jour et d'avoir arreté comme ça du jour au lendemain, et de n'avoir jamais craqué ensuite ! Comme quoi, l'etre humain est complexe...
    Bon je file, on finit de regarder les derniers épisodes de Lost, j'ai hate de savoir la fin :P
    Bisous !

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    1. Oui enfin j'ai pas craqué sur la clope parce que j'avais la bouffe, ceci explique cela :D
      Merci ma belle <3 mais effectivement, on le sait, c'est mon regard que je transfère sur les autres. Oui, je pense que mon psy va m'aider, en fait ça ne change pas tellement de l'ancienne, car au final c'est moi qui me parle à moi-même sur le divan, donc j'ai vite retrouvé les réflexes d'analyse.
      J'espère te voir bientôt ma puce ; gros bisous <3

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    2. Oui, souvent une dépendance en chasse une autre, car finalement il faut trouver le truc pour sortir de la dépendance. Pas facile en effet !
      Gros bisous ma belle.

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    3. Toi et moi on le sait bien ;)

      (Désolée de pas trouver le temps de t'écrire, tu n'imagines pas comme j'ai si peu de temps, tu me comprends hein dis ? gros bisous en tout cas <3)

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    4. Vraiment ma belle, je comprends totalement ! Pas besoin de me dire que tu es désolée, je le sais, j'imagine même pas comme tu dois courir pour arriver à tenir le rythme avec deux petites ! Quel courage monstrueux !!
      Gros bisous !!

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    5. Ah ouais je t'assure, c'est la folie... parce qu'elles ont peu d'écart, et même si E. est assez autonome pour pas mal de choses (manger seule, jouer seule, marcher bien sûr, monter l'escalier, etc.), il faut s'en occuper encore beaucoup bien sûr, alors on jongle entre les deux, les couches, les biberons, les réveils nocturnes, les couchers, les sacs à langer et cie. On gère, mais c'est assez hallucinant comme on n'a quasi plus de temps libre... peut-être 2 heures par jour...

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