vendredi 26 juillet 2013

Je suis mon propre boss


Je suis travailleuse indépendante. Et si tu es malin, tu comprendras, à la photo, que je bosse dans le texte. Dans le bouquin. Dans l'édition, quoi. Or, dans l'édition, absolument tout se passe à Paris ; et Paris et moi, y a 900 km qui nous sépare. Alors si je voulais exercer mon métier que j'aime, je n'avais pas vraiment le choix. Fallait que je bosse à mon compte et que je sois mon propre patron.

Bosser à mon compte, pour moi, c'est le bonheur.

D'une, je déteste "l'esprit d'entreprise" ; j'ai bossé deux ans en entreprise, et ça m'a vaccinée. Les cuites entre collègues au repas annuel ou le boss d'atelier pas lourdingue qui me demandait toujours "aloooooors, t'as bientôt fini ??", très peu pour moi. Je suis venue, j'ai vu, et je me suis barrée fissa.

De deux, j'aime qu'on me respecte, et respecter les autres en retour. J'aime qu'on me voit comme une professionnelle aguerrie, qui sait ce qu'elle fait, plutôt que comme une subalterne qui va forcément faire une connerie à un moment ou à un autre. J'aime qu'on me traite en égal, et non avec condescendance.

Tertio, j'aime pouvoir organiser mon temps à loisir, encore plus depuis que je suis maman, encore plus depuis que je suis maman bis, tu te doutes bien. Récupérer les filles plus tôt quand elles sont malades. Courir chez le doc pour elles. Pour moi. Ou, plus simplement, une lessive à lancer, trois bols à laver, douze tétines à nettoyer, les courses à faire. Mine de rien, quand tu peux dispatcher ça dans une journée, plutôt qu'à 18 heures, après le bureau, ça soulage.

Je bosse à temps plein, entre 4 et 6 heures par jour (ouioui, c'est du temps plein pour moi. Chuis au max). Quand elle était petite et qu'elle faisait encore deux à trois siestes par jour, à peu près aux mêmes heures mais pas toujours, mon aînée restait toute la journée chez sa nounou : 8 h 30-16 h 30. Là encore, quand tu bosses à ton compte, pour récupérer tes mouflets tôt, ça aide drôlement !

Très vite, elle s'est calée sur un rythme qui n'a plus changé depuis : une seule et grosse sieste de 13 h 30 à 16 h, en gros. Et très vite, on s'est dit que c'était un peu idiot de payer la nounou pour qu'elle fasse dormir notre fille.

Alors depuis six mois (et tu noteras que, vaillante, j'ai entamé ce nouveau planning quotidien à sept mois de grossesse – autant te dire que j'ai pas tenu longtemps), je la récupère après le repas de midi. On rentre, je la mets au dodo, et je redescends travailler dans mon bureau. Je bosse environ deux heures, et c'est son réveil qui marque la fin de ma journée de travail.

Depuis mouflette n° 2, le rythme n'a guère changé. Ma petite va aussi chez sa nounou depuis ses 2 mois, avec une facilité qui frise l'insolence (non mais à cet âge, l'adaptation est quand même super facile en fait). Elle, elle y reste toute la journée, comme sa soeur avant, puisque ses siestes sont encore anarchiques. Et la grande, je la récupère toujours pour la sieste de l'après-midi – sauf quand j'ai trop de taf, ce qui arrive souvent, auquel cas je SMS super nounou pour lui dire que je passerai quatre heures plus tard, et super nounou assure.

Voilà... J'ai la chance : d'avoir une nounou d'enfer, toujours dispo, et que mes filles aiment profondément ; d'avoir un boulot qui me permet de stopper quand je veux, quand ma grande se lève de la sieste ; d'avoir une grande au sommeil simple comme bonjour, et réglée comme une montre suisse. Tout cela fait que je peux facilement bosser de chez moi, à temps plein, avec des horaires de bureau, comme si j'étais employée (mais en mieux).

Bien sûr, mes congés ne sont pas payés ; mes factures pas toujours réglées en temps voulu (ce mois-ci, j'ai pas de salaire, tu vois). Je ne cotise pas pour le chômage. Je ne sais pas combien de temps je ferai ce job, si un jour je serai à court de travaux. Me construire seule dans ce métier n'a pas été facile ; trouver et retrouver des clients après chaque congé maternité non plus. Mais je fais un job que j'aime (même s'il me stresse !), je suis valorisée dans mon travail, je récupère mes filles tôt et je passe chaque jour près de 5 heures avec elle. (Et enfin, je suis peinarde, et on me fiche une paix royale dans mon job.)

Ça vaut le coup, non ??

Mais nounou, je suis obligée d'avoir. Mon métier fait que je dois bosser à temps plein, et cinq jours par semaine, car ce sont des projets de 15, 20, 40, 80 heures, et que je ne peux pas vraiment demander à mes clients d'attendre trois semaines pour que je les finisse. Mon métier fait que je dois me concentrer sur du texte, lire des heures durant, ce qui est difficilement compatible avec la présence d'un nourrisson/bébé/enfant : matériellement, c'est sacrément difficile de jongler entre bébé et boulot, mais psychologiquement, c'est encore plus épuisant : bosser, s'arrêter au milieu d'une phrase, changer une couche, le garder sur les genoux pendant qu'on essaie de reprendre, le balader parce qu'il pleure, etc., etc. Je n'aurais jamais, jamais pu sans nounou. Ça coûte cher, c'est vrai, surtout pour deux filles ; presque un salaire. Mais si je ne bossais pas et que je les gardais moi, je perdrais de l'argent, un peu, quand même. Et tu commences à le savoir, mère au foyer, ce n'est pas mon truc. Mes filles, j'en profite déjà près de six heures par jour en semaine, alors ma petite solitude quotidienne me convient très bien !

(En réaction à l'article de Margaux sur le même sujet :))
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3 commentaires:

  1. Super!
    Et merci pour le clin d'œil :-)

    Je comprends mieux pourquoi ton blog est si bien écrit ;)
    C'est un métier qui me tentait beaucoup quand j'étais au lycée... et puis finalement non.

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    1. Ben tu vois moi c'est l'inverse : j'ai toujours voulu bosser dans les "lettres" mais je n'ai jamais su quoi faire (et on ne m'a jamais orientée en ce sens) jusqu'à il y a seulement quatre ans... j'ai trouvé mon job en fouillant sur les Net dans les fiches de l'Onisep, sans rire !

      Merci de ton passage ici :)

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  2. La vie de l'auto-entrepreneuse, toute une histoire!
    Mais même si certains moments sont difficiles, rien ne nous comble plus de bonheur que de faire un job que l'on aime. =)
    (Et pis, ça change des rabats-joies qui se plaignent de leur travail).

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