mardi 9 juillet 2013

Sur la route


Ce soir, j'ai fait un truc que je fais peu souvent depuis trois mois. J'ai pris ma voiture et je suis allée faire une course. Seule. Sans enfant. Sans cosy à fixer, sans harnais à clipser. Juste la voiture et moi. Juste la voiture, la route et moi. Ces petits instants uniques où plusieurs choses décident de coïncider, soudainement, de s'accorder en un ensemble parfait. Le soleil déclinant d'une fin d'après-midi. La chaleur moite d'un dimanche d'été. Le ronron régulier du moteur, sur la voie rapide. L'asphalte qu'on avale, l'horizon du ciel bleu vif qui se déroule à l'infini. Un nuage blanc dans tout ce bleu, loin devant, qu'on fixe comme on rêve, qu'on n'atteindra jamais, qu'on poursuit. La musique sur l'iPod. Muse. Massive Attack. Coldplay. Nos madeleines de Proust à nous, les trentenaires. Juste assez de mélodie pour vagabonder la pensée. Juste assez de rythme pour marteler les souvenirs. Juste ce qu'il faut de couleurs, de sons, de vitesse pour se sentir libre, d'une liberté nostalgique, qui pique et qui caresse. Repenser à des choses, sentir des souvenirs, sans les attraper, sans les dicerner, sans les comprendre. Les sentir filer entre les doigts comme la route file sous les roues. Sentir, sentir qu'on n'est pas loin – à quoi je pense ?... pourquoi ai-je envie et de sourire et de pleurer ?... des souvenirs comme du sable, des souvenirs de fins d'après-midi d'été, semblables ou presque, avec la même lueur, les mêmes ombres sur le sol, la même moiteur, mais dans d'autres paysages, avec d'autres proches. Et se laisser couler dans le souvenir, cette nostalgie si triste, si belle, si douce et si joyeuse tout à la fois, s'y laisser fondre avec ivresse et mélancolie, sans se rappeler, sans saisir, sans savoir qui, où, quoi, comment. Laisser les sensations nous prendre sans plus rien y comprendre, et aimer ça. N'être plus qu'émotions vives, aussi étouffantes et caressantes que la fin d'un après-midi d'été. Se dire qu'on vit là un petit moment en suspens, un petit moment de grâce, entre deux minutes, rien qu'à soi. Vouloir décrire cette béatitude, vouloir partager, et savoir par avance qu'on échouera, que c'est indéchiffrable, indescriptible.

Mais trouver cela beau, tout de même, et vouloir vous en parler.

Dimanche 7 juillet, 18 h 30.
Rendez-vous sur Hellocoton !

4 commentaires:

  1. Parfois quand justement je vais faire une course rapide ou que l'envie me prend d'aller me balader, je pense à ça. Je me dis que pour le moment je n'ai pas d'enfant et que c'est facile de descendre au sous sol, prendre ma voiture et bourlinguer. Et puis souvent la pensée du "le jour où tu aura un enfant tu réfléchira à deux fois avant de prendre ta voiture comme ça".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Clairement, ce sont des moments qui sont devenus sacrément rares, surtout depuis la deuxième... ! Après, c'est une autre vie, c'est différent. Tu n'es plus seule dans ta voiture, mais tu as toujours une petite voix à l'arrière qui te sort des choses aussi improbables que fantastiques et adorables. C'est autre chose. La vie sans enfant est génial pour des tas de choses, et la vie de famille l'est pour des tas d'autres choses... faut essayer de profiter du meilleur de chacune en son temps :)

      Supprimer
  2. si si tu y arrives très bien, en te lisant, j'ai retrouvé ce sentiment que tu décris si bien. Bons sang que j'aime te lire! des bises!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et moi bon sang ce que j'aime voir tes photos (et te lire) !!

      Supprimer