lundi 2 mars 2015

De l'amour et du respect

Cette photo-là, je la trouve jolie. Si, si, au risque d'avoir franchement l'air de me vanter, je le dis, que je me trouve belle là-dessus, parce que figure-toi que c'est pas vraiment dans mon humeur du moment, de me trouver belle sur une photo. Je me trouve belle, je la trouve belle, et ça fera un beau souvenir. Le souvenir d'une maman qui aimait sa fille à cet instant, et ses filles au quotidien.
Ce que j'espère, c'est que le souvenir qu'il leur en restera cadrera bien avec ce que cette photo-là voudrait saisir. Que je les aime. Que je les ai aimées. Que je les aimerai.

Parce qu'aussi étrange/choquant/déroutant/amoral que ça puisse paraître, je n'en suis moi-même pas toujours bien sûre.

Je crois bien que si, j'aime mes filles. Mais, vois-tu, cet amour-là, si évident pour d'autres, est caché sous tellement, tellement, tellement de conneries – des casseroles, des blessures, des complexes, des souffrances, des questions, des TOC, des vides, à remplir encore et encore.

Devant composer/compenser/compulser (barrer la mention inutile) avec tout ça, forcément, mon amour pour mes filles, simple, évident, net, spontané, est planqué loin, bien loin derrière.

Mais je suppose que je les aime, sinon je m'en foutrais. Sinon j'enverrais paître mon rôle de mère. Sinon je serais partie. Sinon je les rejetterais.

Si je ne les aimais pas, je n'essayerais pas à tout prix de leur donner cette autre chose que je me sens tenue par les tripes de leur témoigner : du respect. À défaut de pouvoir irradier d'amour pour elles, en attendant de les aimer en toute simplicité, je m'astreins, je m'efforce, je m'oblige chaque jour, chaque heure, chaque minute qui passe à leur témoigner du respect. À ne pas me conduire en adulte qui impose, mais en parent qui accompagne. À ne pas leur faire ce que je ne voudrais pas qu'on me fasse – ce que j'ai détesté qu'on me fasse, étant petite.

Non, je ne parle pas d'abus ni de maltraitance – quoique, de ce côté-là, j'ai eu ma dose ; je parle de cette "petite violence ordinaire", si petite qu'elle paraît justifiée, normale, exemplaire aux yeux de beaucoup. Ces petits mots qui piquent, pas beaucoup, une fois, deux fois ; mais qui font mal, cent fois, mille fois.

Chaque minute, chaque heure, c'est à moi que je fais violence pour ne pas les soumettre à cette violence. Chaque minute qui passe, je passe sept fois ma langue dans ma bouche pour déterminer si les mots qui vont en sortir sont, non pas justifiés, mais justes. S'ils feront du mal ou du bien. Il n'est pas nécessaire de leur faire du mal pour leur bien. On peut aussi, et même plutôt leur faire du bien pour leur bien.

Alors je ne les juge pas ; je ne juge que les actes, que la bêtise, pas l'enfant. Je me mets de côté – ma fatigue, mon stress, mon burn-out – pour être à leurs côtés. Je les écoute en stéréo – une oreille pour chacune, et je réponds toujours à ce qu'elles me disent, même si je trouve cela d'un inintérêt abyssal. Oui ma puce, t'as colorié le sapin tout en bleu, c'est super rigolo, c'est clair. Et j'essaie d'y mettre de la conviction. Et ne surtout pas leur imposer ma vision des choses, mon autorité, mes exigences. Quand c'est pas si grave, quand c'est pas si utile, j'essaie de leur ficher la paix – même si ça me demande un effort pharaonique.

Les écouter et leur répondre comme à des personnes, parce que ce sont avant tout des personnes que j'ai face à moi – un brin hystériques et un chouia pénibles sur les bords, certes ; mais des personnes tout de même. Je leur dois ce que je leur demande : du respect. Et, aussi difficile d'accès me soit-il, de l'amour, autant que faire se peut. Un jour, ça me sera plus évident, je l'espère.

En attendant, je m'épuise à donner, donner, donner, et ne pas trop exiger en retour.

Des fois je suis fière ; des fois je craque.
Rendez-vous sur Hellocoton !

6 commentaires:

  1. Ben moi quand je te lis, quand je vois tes photos, je suis absolument sûre que tu les aimes tes filles !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ma belle :) Ça fait du bien de lire ce genre de choses ! Après, j'ai du travail à faire sur moi, parce que finalement le problème n'est pas au-dehors, mais au-dedans – d'ailleurs, si je me fie à des indices "objectifs", je vois bien qu'il n'y a aucun problème avec mes filles : elles mangent de bon appétit, dorment en confiance, ne font pas de cauchemar, jouent, rient, évoluent, s'épanouissent, s'ouvrent aux autres, font marcher leur imagination, etc., etc., etc. C'est de mon côté, entre moi et moi, qu'il va falloir que je bosse, mais je m'y mets doucement :)

      Supprimer
  2. Si ce n'est pas de l'amour tout ça, qu'est-ce que c'est?
    Allez rédact, je te donne 4 heures!
    lol
    Ton texte est très beau. Tu peux être fière.
    Sophia

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Sophia ; toi, t'es toujours là où il faut quand il faut ;) <3

      Supprimer
  3. Rien à dire. Magnifique. C'est tout. Merci.

    RépondreSupprimer