mercredi 26 février 2014

Salut, tu-vas-bien ??

Comment je vais donc, depuis ma petite crise existentielle d'il y a un mois ?...

Je ne sais pas bien. En fait, couper les ponts avec tout le monde m'a fait du bien, beaucoup de bien, sur le coup. J'aimerais avoir des contacts avec les autres, j'aimerais avoir des amis, en recevoir, des gens avec lesquels je me sente bien – ce qui est loin d'être gagné, vu que je me sens déjà pas hyper top moumoutte avec moi et rien que moi-même. J'aimerais, oui ; mais je ne peux pas. Je ne suis visiblement "pas faite pour". J'ai eu trente ans, et je n'ai connu que des désillusions affectives et sociales. Je n'ai pas su aimer ni me faire aimer par qui que ce soit. L'ego en prend un petit coup, c'est vrai. Je devrais m'en fiche, je devrais vivre pour moi-même, ma famille – mon homme, mes filles – mais je pense souvent, très souvent, que je n'intéresse personne, et ça me fait pas du bien. Alors je rentre plus encore dans ma coquille.

Il y a trois semaines, je bossais sur un bouquin de méditation, juste au moment où je piquais ma crise. Un texte fluide, coulant, simple, sans fioritures, qui me passait du baume sur ce qui me faisait mal, sur ma blessure d'orgueil aussi. Qui m'a donné envie de prendre la vie du bon côté, envie d'être enfin positive, de cesser de ressasser, cesser de jouer les Caliméros. D'une parce que c'est chiant pour les autres ; de deux parce que c'est chiant pour moi. Et curieusement, j'ai plutôt pas mal réussi. Apprendre à vivre dans l'instant, à ne pas se soucier du passé, de l'avenir. Ne pas appréhender, ne pas angoisser à l'avance. Me débarrasser du négatif, et surtout, surtout, ne pas rejeter sur les autres tout ce qui ne me convient pas dans ma vie.

Ma dernière a fait une pyélonéphrite la semaine dernière, une infection urinaire qui avait commencé à remonter aux reins (je te rassure de suite : elle va bien, c'est guérit). Une semaine de forte fièvre + une hospitalisation de trois jours. En temps normal, j'aurais stressé à mort, gueulé à l'injustice, pensé à tout ce que j'allais pas me reposer ni me détendre avec tout ça. Mais je l'ai pas fait. J'ai pris les choses comme elles venaient, les épreuves les unes après les autres, en me concentrant sur ce que j'avais à faire (prendre soin de ma fille, garder la patate, l'aider à guérir au plus vite, ne pas inquiéter mon homme, et gérer, gérer le plus paisiblement possible).

Et puis j'ai réussi, dis donc ! Ma fille, en plus, étant d'une humeur adorable, toujours le sourire, toujours la pêche, soudée à moi, câline comme pas deux et pas abattue pour un sou, j'ai vécu cette hospitalisation comme une douce parenthèse, une petite bulle de repos, durant laquelle nous avons énormément partagé, elle et moi.

(Faut que tu saches une chose : si j'ai si bien vécu l'affaire, c'est en partie grâce à ma volonté de rester positive, mais aussi parce que, depuis deux mois, je ne laisse plus la nourriture commander ma vie. Et j'ai perdu 8 kilos et 2 tailles de jean – en plus du fait de ne plus ressentir le besoin de compenser à la moindre contrariété. Ça aide.)

Et puis le retour au quotidien, épuisant pour ma part – boulot à temps plein, les deux minettes, la maison. Toujouts-toujours-toujours un truc à faire – peu de repos. C'est la folie. Toujours une chose à penser, à ne pas oublier. Les courses, une facture, un colis, un avis de passage, une lessive, une poubelle à vider. Toujours un pot à vider, une couche à changer, un bib ou vingt purées à préparer d'avance. Et du boulot en continu, de 8 h 30 à 17 heures. (Si je veux voir le positif, j'ai une vie bien remplie dans laquelle je n'ai pas le temps de m'ennuyer !)

J'ai toujours, toujours la tête dans le guidon. Je suis fatiguée.

Du coup, je n'ai pas envie de m'occuper de mes filles. Je te le dis, en toute franchise (je suis une vilaine, vilaine maman). Après la douce intimité avec ma petite dans notre chambre d'hôpital, où je n'avais rien à faire hormis échanger des sourires avec elle et nous reposer, je n'ai plus envie de rien. Pas envie de lire 35 livres tout le temps (et pourtant ma grande, comme je suis fière que tu aimes autant la lecture !!), pas envie de surveiller sans cesse que la petite ne s'éclate pas le coin de l'oeil sur le coin de la table, pas envie de faire tomber une tour de cubes pour la quinzième fois, en simulant un grand rire enjoué.

J'ai un beau et gros fond de déprime à la base : je n'aime ni le soleil, ni l'été, ni les week-ends, ni les vacances, encore plus depuis que je suis maman. Ces journées entières à devoir chercher à les occuper. (T'as envie de me demander pourquoi donc j'ai fait des gosses, hein ? C'est légitime.) Comprends : je les aime, mais je suis trop fatiguée, trop déprimée pour avoir envie de quoi que ce soit.

Je pense aux vacances d'été, seuls tous les quatre pendant quatre longues semaines. Je suis une mauvaise mère, hein ? mais ça ne me fait pas envie. (Je ne sais pas bien de quoi j'ai envie, en fait.) Je voudrais au moins voir du monde, recevoir des amis, avec des enfants, pour qu'ils jouent tous ensemble, même pour elles, ce serait tellement plus plaisant que de jouer à longueur de temps avec papa-maman.

J'ai envoyé des invitations – à des amis, à de la famille. Et tu sais quoi ? Aucun ne m'a répondu. Je dois être parano de la politesse, mais c'est le truc inconcevable pour moi. Que t'ai envie de décliner, je le conçois tout à fait (tant j'ai le sentiment de rebuter les gens, tant ça me semble naturel), alors tu brodes, t'inventes une excuse bidon. MAIS TU RÉPONDS. Je serais totalement incapable de ne pas répondre à une invitation, même si c'est pour la refuser. Je trouverais ça blessant, méprisant pour l'autre – et crois-moi, ça l'est.

Je suis blasée, fatiguée. Je voudrais être joyeuse, écrire des super articles top joyeux, d'une plume affûtée et comique, le genre de trucs qu'on a envie de lire. De toute façon je n'écris plus ici que pour vider mon sac, à un endroit où ce sera le moins susceptible d'emmerder les autres, puisque je ne les connais pas.

Ah là là... je suis dans un cercle vicieux dont je n'arrive pas à me dépatouiller. J'en ai marre de faire semblant que tout va bien ; pourtant, il n'y a que comme ça qu'on donne envie aux autres de s'intéresser à vous.

Je voudrais juste faire des rencontres, découvrir des gens, lier des amitiés, entre nous, entre nos enfants, passer des vacances avec de bons copains ou de la famille que j'aime (ce que je ne connais pas, si tu me suis bien, vu que je n'ai plus aucun contact avec qui que ce soit de ma famille ; et ce n'est pas de mon fait). Je voudrais juste de bons moments avec des gens sympas, mais je crois que c'est trop demander.


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1 commentaire:

  1. Je commente tardivement mais moi aussi je me sens souvent seule.
    Je n'ai plus vraiment de famille. J'ai quelques amis, des connaissances mais j'ai toujours ce sentiment persistent de ne compter pour personne et que si je n'étais pas là au fond ce serait pareil pour la plupart des gens.
    J'ai été rejetée par ma mère, mon père n'était pas souvent là. Inutile de se demander d'où vient ce sentiment d'inutilité.
    Je n'ai pas de remêde miracle, j'essaye de m'accrocher, il y a des jours bons et d'autres moins.
    Et toi comment vas tu? Cela fait longtemps que tu n'as pas écrit.
    Bonne journée.
    Libertad.

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