vendredi 5 avril 2013

Décidément, c'est pas facile tous les jours

Cette nuit, ma grande s'est réveillée. On y est allés à tour de rôle, tantôt la câlinant, tantôt la grondant ; rien n'y a fait. À 4 heures du matin, j'ai fini par la prendre dans le lit avec nous pour terminer la nuit. Pas de fièvre, pas de bobo, "a priori" rien à signaler.

Ce matin, ma grande a pleuré pour ne pas aller chez sa nounou. Jusqu'à ce que je me lève, que je les rejoigne elle et son père en bas prêts à partir, que je m'asseois et que je la prenne dans mes bras pour un câlin de dernière minute. Le temps de lui dire : "Aies confiance en nous. On t'aime. On t'aimera toujours. On sera toujours là pour toi. On se retrouve ce soir." Pas de fièvre, pas de bobo. "A priori", rien à signaler.

Mais l'homme et moi savons bien qu'il y a quelque chose, que ce n'est pas comme d'habitude, parce que d'habitude, elle n'a pas besoin d'être rassurée. Moins d'une semaine... même si nous prenons la chose de la manière la plus sereine possible, même si nous nous sommes rondement bien organisés, même si tout est paré, même si nous passons tout notre temps libre avec elle et que nous ne courons pas partout en état de panique total, elle sait, elle sent. Comment pourrait-il en être autrement ?

Et elle appréhende. Comment pourrait-il en être autrement ? Déjà, moi, à 27 ans passés, quand c'était elle que nous attendions, j'étais flippée totale ! J'avais une psy, six ans de thérapie derrière moi ; j'avais lu des livres, appris des tas de choses sur l'arrivée d'un premier enfant ; je SAVAIS, et pourtant, j'étais morte de trouille. Elle, elle n'a pas 2 ans. Comment attendre d'elle qu'elle soit totalement zen et détachée ?

Je ne regrette nullement de l'avoir prévenue, petit à petit, du changement qui allait intervenir dans nos vies très bientôt. Il y a bien sûr toujours le risque, à trop vouloir les rassurer, à trop devancer leurs angoisses, de leur coller, justement, des peurs qu'ils n'avaient pas à l'origine. J'ai fait, comme l'explique si bien Petits diables dans son dernier article, du mieux que j'ai pu avec les moyens du bord. Nous avons toujours fonctionné comme ça avec elle, depuis sa naissance : toujours lui expliquer les choses, la prévenir, lui dire ce qui allait se passer, et quand, et comment, pour lui permettre de se préparer aux événements, quels qu'ils soient, qu'il s'agisse d'aller faire une course à la pharmacie ou de passer trois jours chez Papet et Mamie pour laisser Maman et Papa en amoureux.

Là encore, nous lui avons expliqué, doucement, le plus simplement possible, ce qui se passerait très prochainement. Mais je crois que du haut de ses pas encore 2 ans, ma puce a surtout retenu : "Papa-Maman partir avec soeur sans moi". Je crois.

J'avais expliqué ici, il y a quelque temps, ce que nous avions prévu de faire, de dire le jour J, pour que tout se passe le mieux possible pour elle.

Avec ce nouveau comportement qu'elle affiche depuis deux jours, nous avons longuement réfléchi. C'est bien, car elle vient nous dire ce que tout cela implique émotionnellement chez elle, et nous, nous essayons de l'écouter et d'y répondre – oh, je vais pas jouer les mères parfaites : bien sûr qu'on a râlé, cette nuit, qu'on lui a dit qu'on n'était pas contents, que la nuit il fallait faire dodo, chacun dans son lit, etc. On fait ce qu'on peut avec les moyens du bord, on a dit !

J'avais écrit ici, donc, qu'au moment M, si elle dormait ou était chez sa nounou, nous n'irions pas la prévenir de notre départ, de crainte de la déboussoler plus encore, de lui ébranler ses repères habituels.

Mais finalement, avec le recul, je crois qu'au contraire, nous irons la voir, ou la réveiller, et nous lui dirons ; je crois qu'en accord avec ce que nous avons été avec elle depuis toujours, nous devons continuer sur le même modèle, et venir la voir, ou la réveiller doucement, lui expliquer calmement que nous partons, que nous revenons très vite, que nous l'aimons très fort.

Car si nous ne faisons pas ça, je sais qu'à un moment donné, je vais lui mentir malgré moi. Quand je lui dis en la couchant : "Allez ma puce, au dodo, on se retrouve demain matin..." Ou en lui disant au revoir le matin : "À ce soir mon coeur !" Eh bien non. D'ici peu de jours, nous n'y serons pas, le lendemain matin, ou le soir à la sortie de la nounou. Et je me dis que c'est pire. Je me dis que je veux qu'elle sache. Pour qu'elle ait confiance en nous, il faut que nous fassions comme nous avons toujours fait : que nous lui donnions les moyens, les clés pour appréhender les choses. Ce sera peut-être difficile sur le moment, elle sera peut-être chamboulée, elle pleurera peut-être de nous voir partir ; mais elle SAURA. Tout comme je peux lui dire sans mentir, dès maintenant : "Ne t'inquiète pas. Nous ne te laisserons pas, nous ne partirons pas pour ces deux jours sans te prévenir. Tu n'auras pas de mauvaise surprise." Quand je vois son appréhension actuelle, je ne peux pas me résoudre à partir à la maternité sans la prévenir – le plus sereinement et le plus calmement possible, en prenant le temps d'un gros câlin ; mais la prévenir. Je ne peux pas me résoudre à partir en catimini, et la laisser le découvrir par elle-même. Je préfère prendre le risque de la chambouler un peu (beaucoup...) sur le moment, mais qu'elle l'apprenne par nous, qu'elle ait le temps d'assimiler l'info, de faire un gros câlin, pour nous laisser partir plus confiante, plus forte. Comme ce matin. Oui, elle devait aller chez nounou ; mais il a suffit de lui dire qu'on se reverrait très vite, et qu'on l'aimait très fort, pour qu'elle y aille avec le sourire et sans crainte.

Le petit Mickey, qui sent notre odeur, nous lui donnerons nous-mêmes, à ce moment-là.

Voilà... Je me sens très sereine vis-à-vis de tout ça, car de toute façon, quoi que nous fassions, nous le faisons dans son intérêt, en pensant à elle, en l'aimant, et je crois que même si l'on fait des erreurs, et c'est humain, c'est en essayant de lui offrir le meilleur de nous, avec tout notre amour ; ce sont des intentions que l'on sent, dont on peut difficilement douter, en tout cas je le souhaite et j'y crois très fort.

Je suis sereine, car nous faisons notre possible, pour elle, pour sa soeur à venir, pour nous, et que nous ne pourrions faire différemment aujourd'hui, à cet instant précis, parce que c'est ce que nous sommes, point. Parce que c'est la vie, que c'est une étape de la vie, que grandir, c'est franchir ces étapes avec l'amour et le soutien de ceux qui nous sont proches. Parce que nous avons bien l'intention, une fois la petite née, de lui montrer qu'elle a eu raison de croire en nous, que oui, nous revenons, que oui, nous l'aimons toujours, que nous serons toujours ses parents, qu'elle sera toujours notre amour. Au même titre que sa soeur.

Confiante je suis, donc – disons que j'appréhende nettement plus la fu*king possibilité de ne pas avoir cette fu*king péridurale pour cause de fu*king rhinite qui me cause une fu*king fièvre (fu*k fu*k fu*k)...
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