samedi 6 avril 2013

Toc toc toc ?

Une p'tite note tandis que j'ai l'impression de perdre les eaux toutes les 15 secondes, à cinq jours de mon terme, houhou.
Une p'tite note qui vient faire écho à celle-ci, sur la nourriture, que j'avais publiée il y a un peu plus de deux semaines.
Une p'tite note spéciale divan, parce que ça fait quatre mois que j'ai dit bye bye à ma psy, et que si mon porte-feuille s'en porte mieux, mon cerveau, lui, réclame sa dose analytique hebdomadaire.

Non mais en fait, le problème, c'est que j'ai des comportements bien foireux, dans l'absolu, mais que je m'y suis vachement bien faite. Le souci étant que, du coup, même si, de fait, j'aimerais bien me décharger de ces comportements foireux, je m'en accomode tellement bien... que je n'y change rien. Et que globalement, ça va bien comme ça, merci.

J'avais parlé de la bouffe, donc ; et ma foi, l'avantage de la bouffe compulsive, c'est qu'on prend vite du poids, sacrément même. Y a donc bien un moment où ton miroir te fait tirer la sonnette d'alarme fissa. Oh ! ne crois pas que tu lui dis adieu, à la bouffe compulsive ; que nenni. Mais tu déplaces des montagnes de volonté, et ton surpoids, tu le perds, pendant un temps, jusqu'à ce que tu sois suffisamment fier de toi pour estimer mériter une petite pause – et ça repart comme en quarante, mais c'est pas grave, perdre du poids, ça tu sais faire. (Cesser d'avoir besoin d'en prendre, en revanche, ça c'est une autre paire de manches.)

Dans ma vie, il y a la bouffe, donc. Vous, je sais pas ; mais moi, j'ai besoin de REMPLIR. De toutes les façons possibles. De là à dire que je comble un vide affectif, il n'y qu'un pas qu'on franchit très allègrement (il y a sûrement beaucoup de ça, mais le comprendre ne m'a pas encore suffi, jusqu'à aujourd'hui, à désamorcer mes compulsions). Je remplis avec la bouffe. Avec la maternité (oui, mes enfants m'emplissent, mes enfants comblent mon vide intérieur. Hou la mauvaise mère qui fait des enfants comme on se psychanalyse). Avec le shopping (orgasme garanti quand je fais chauffer la CB). Avec celui qui partage ma vie. Avec celle (au pluriel dans moins d'une semaine) qui partage aussi ma vie. Avec ce que je possède, ce que je fais, ce que je montre. Avec des tas de choses.

Et avec mon besoin constant de perfection. Pas au sens de "perfectionner", d'"améliorer", non ; au sens de faire, d'être parfaite. Absolument réussir. Ne surtout rien rater. Ne jamais être prise en flag' d'échouer, de renoncer, de ne pas remplir les obligations que je crois qu'on attend de moi. Faire toujours plus et toujours mieux.

Aussi, depuis six ans, j'ai un TOC. Enfin, je sais même pas si je peux appeler ça comme ça, vu que bon, ça va, il n'est pas trop handicapant ; présent, chiant, mais je parviens, parfois facilement, parfois plus péniblement, à passer au-dessus. Je vérifie. Beaucoup. Plusieurs fois. En fait, j'ai assez de mal à faire les choses par automatisme. L'angoisse que, si je ne m'assure pas, consciemment, d'avoir bel et bien fait ce que je fais, et de l'avoir fait correctement, si je me contente de le faire par "réflexe", ce sera mal fait. Et ce serait terrible, bien sûr ! Imaginez un peu : j'ai oublié d'éteindre le radiateur avant d'aller me coucher. La maison prendrait feu, pour sûr. (Alors je vous dis pas si je l'oublie avant de partir en vacances ! Pourtant, on l'a oublié, une fois. Et truc de fou : la maison n'a pas pris feu. Dingue.)

Ou bien je ne pense pas à serrer le frein à main. Qu'est-ce qu'il y a de plus automatique que de serrer le frein à main ? Ma voiture pourrait aller s'encastrer dans le portail du voisin – cataclysme. (Pourtant... eh bien, oui, l'homme a déjà oublié de le serrer. Plusieurs fois. Sur ma voiture. Parce que dans la sienne, y a pas besoin de le serrer, c'est automatique. Du coup, il n'a plus le "réflexe", justement. Ma Fiesta s'est retrouvée garée en plein milieu d'un virage. Bien entendu, depuis, je checke environ six fois plus mon frein à main qu'avant.) Je veux dire : je me gare, et puis j'ai un certain petit rituel que j'ai besoin de faire en toute lucidité, toujours le même, dans le même ordre : vérifier que la boîte de vitesse est bien au point mort en la secouant, puis que le voyant du frein à main est allumé, puis enfin que le frein à main est bien serré (en m'assurant que je ne puisse pas le serrer plus).

Et, inversement, quand je viens de démarrer, une fois sur la voie rapide, je vérifie que le voyant est éteint, et que mon frein à main est bien au point le plus bas – ben oui, c'est vrai que je m'en serais pas rendu compte avant, s'il était serré. Mais bien sûr.

Voilà, des petites conneries de ce style. Je couche ma fille, et des fois j'ai une angoisse – "et s'il y avait un objet potentiellement mortel dans son lit ??", alors qu'il n'y a absolument aucune raison pour que, tout à coup, il y ait, que sais-je, une cacahuète ou un sac en papier à proximité de sa tête.

Je revérifie toujours un coup que le robinet est bien fermé. Que la porte du congélo est bien claquée. Que le verrou est poussé pour la nuit. Que rien ne va cramer pendant mon absence.

Mais je gère ; en fait, comme pour la bouffe et le reste, j'y suis tellement habituée que ma foi je le gère "bien" compte tenu des circonstances (je soupçonne la bouffe, tout de même, de sacrément m'aider à rester zen avec toutes ces idioties que je me colle sur le dos).

Non, le pire en fait, c'est dans mon job. Je bosse à mon compte, avec divers clients. Mon job, c'est de pas laisser de fautes – comme par hasard. Ça avait bien fait marrer ma psy le jour où je lui avais annoncé que je me lançais dans cette profession. Vu mon job, je ne dois pas, je ne PEUX pas laisser de fautes, puisque je suis censée les traquer, tu vois ? Dans ma tête, ce serait tellement DRAMATIQUE (sortez les mouchoirs) que, pour le coup, je me mets une pression de malade avec ça. Que j'ai appris à gérer – je veux dire, je n'appréhende pas mes journées de taf, et une fois mes heures terminées, je ne pense plus à mon travail. Mais quand j'y suis, j'appréhende tellement l'erreur que je me prends à douter sur des trucs complètement cons. Au point qu'à force de lire et relire et re-relire le mot en question, il en perd tout sens. Tu sais, à force de regarder un mot, il se délite complètement, un peu comme quand tu fixes le macadam par temps de canicule. Ça se désagrège, ça veut plus rien dire. Une part de moi a beau savoir que MAIS OUI BORDEL DE BORDEL, bien sûr que ça s'écrit comme ça, "impressionnant", mais je n'arrive pas à valider le truc et à détacher mon regard. L'angoisse est plus forte. Parfois, je prends mon dico (voui, pour vérifier "impressionnant", voui), et je checke les lettres. T'as bien lu, l'ami : j'ai besoin de répéter à voix haute la succession des lettres pour m'assurer que tout va bien, j'ai pas fait de faute. Alors que bon sang de bonsoir, je SAIS que j'en ai pas fait. Mais ça passe pas dans le cerveau, ça veut pas passer, c'est tétanisé.

Finalement, y a que le bon sens qui me sauve ; parce qu'au fond de moi, je sais bien qu'en fait, je ne doute pas réellement de l'orthographe de ce mot, mais que c'est cette conn...ie de TOC à la mormoilneu qui parle à ma place. Alors je suis pas conne, je me dit : OK, allez, passe à la suite, t'as pas le temps pour ces débilités. Je passe, donc ; pas rassurée pour deux sous ; le but étant simplement de poursuivre mon taf comme si de rien était, en attendant de ne plus penser à ce mot à la noix.

Sans blague, je bosse dans ces conditions depuis quatre ans. Et non, je suis pas (encore) sous anxiolytiques (Dieu m'en garde) ; je ne suis pas bonne à enfermer ; je me sniffe pas des bâtons de UHU pour tenir le coup (je bouffe comme trente-six, en revanche, mais bon). Et, écoute : je tiens même mes délais ! Et je fais des fautes, je le sais, et je sais que c'est normal. Que je suis pas une machine.

Bref, je gère plutôt pas mal, t'as vu ?? Ça me bouffe, mais soft, quoi. Du coup, c'est deux fois plus chiant. Parce que deux fois moins handicapant. Donc si tu veux, au final, ça me dérange pas assez pour que je botte le derche à mon inconscient une bonne fois pour toutes.

Je donnerais plutôt cher, bien sûr, pour me débarrasser de tout ça, le TOC, la bouffe, les compulsions ; c'est vrai. Mais sûrement qu'ils m'apportent bien plus que ce que je crois, puisque je m'en arrange aussi facilement.

(J'ai du pain sur la planche, côté, divan, tu admettras.)

Voilà... Ma p'tite confidence du jour. D'ici mardi ou mercredi, sûrement que j'aurai un motif supplémentaire de checker trimille choses par jour – et si je la couvre trop et qu'elle meurt par combustion spontanée ?? et si j'ai mis 4 cuillères et pas 3 dans son bib ?? et si j'ai mal stérilisé son lait ?? et si j'ai pas assez nettoyé son cordon et qu'elle fait un choc septique ? Ben voyons.

(Sans blague, j'ai cru perdre les eaux cinq ou six fois ce soir. Et, ah, ça y est, c'est officiel : je ne marche plus, je ne bouge plus, et c'est tout juste si j'accouche pas quand je vais aux WC. Épanouissement mes fesses. Il est grand temps que ce bébé me rende mon corps, bordel.)

(Je suis une mère indigne : j'ai dit "bordel" à ma fille alors qu'elle est même pas née.)

Bonne nuit, les amis.


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5 commentaires:

  1. rha ouais le nombre de cuillères dans le bib... trop de fois ça m'arrive...

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    1. Mère indigne... non seulement tu l'allaites pas au sein, mais en plus tu foires ses bibs ??... ya dé gen ki merit pa davoire dé enfans c vréman onteu dan la vi.

      * joke, second degré, toussa *

      ;)

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  2. Raconte un peu le peid que ça a du être quand tu as répondu au commentaire précédent en faisant plein de fautes d'orthographe?
    je suis sure que tu as du sacrément te forcer!
    De mon côté, j'ai la bouffe, les achats compulsifs, et les post it...je mets des post it un peu partout pour ne rien oublier et puis ma foi, ça met un peu de couleur, c'est joli!! (et parfois, je mange compulsivement, tout en faisant des achats sur internet et en rédigeant quelques post it pour ne pas oublier d'arrêter cela..)

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    1. C'est sûr que mon job serait moins stressant si je devais ajouter des fautes au lieu de les enlever... quoique je serais bien capable de trouver tout de même matière à stresser :D

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    2. Et ah ah, j'adore ta parenthèse, je fonctionne exactement pareil ;)

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